1) Les associations

« L'homme ne peut rien faire en bien ou en mal qu'en s'associant. Il n'y a pas d'armure plus solide contre l'oppression ni d'outils plus merveilleux pour les grandes oeuvres. » Pierre Waldeck-Rousseau


« À leur sortie, les détenus ont deux étapes difficiles à surmonter: dans les 15 jours qui précèdent leur sortie, une angoisse et une agitation les prennent, puis à la sortie c’est le choc de la liberté. Selon la fragilité de la personne et la durée de sa détention, quinze jours à six mois d’appui spécifiques seront nécessaires », explique Imanouel Pajand, coordinateur du suivi des détenus de l'association Formation et Aide à la réinsertion. Aussi, afin d’aider les anciens détenus à se réinsérer socialement et dans la vie active, il existe plusieurs associations comme celle-ci qui essaient de les prendre en charge globalement. Même si elles ne peuvent assurer la totalité du bien être de ces ex-détenus dans leur nouvelle vie, elles peuvent leur apporter un véritable soutien.

Présentation et objectif des différentes associations :

Les associations suivantes ont plusieurs missions à but très divers, qui peuvent aller de l'aide au logement, à la remise à jour des papiers administratifs, en passant par l'aide aux problèmes de santé. De plus certaines d'entre elles les aident à préparer leur sortie directement en milieu fermé, c'est à dire dans les établissements pénitentiaires, tandis que d’autres les soutiennent après leur relâchement.

Tout d'abord nous devons présenter la FNARS : la Fédération Nationale des Associations d'Accueil et de Réinsertion Sociale. Cette organisation regroupe 850 associations et organismes publics qui sont aux services des plus démunis. Cette aide s'effectue par une prise en charge globale et personnalisée des personnes en difficultés, une recherche de logement où à défaut, d'un hébergement, une recherche d'emploi, et l'objectif de leur faire accéder à tous leurs droits (santé, éducation..). De plus, comme association on compte par exemple le Secours Catholique, Emmaüs, Médecins du monde... mais aussi des associations qui aident les détenus et les anciens détenus, comme l'association Emergence.

L'association Emergence créée en 1973, a pour objectif de favoriser la réinsertion des anciens détenus. Elle compte sept services distincts, qui ensemble, permettent de prévenir la récidive tout en assurant un minimum l'insertion. On y trouve donc le centre d'hébergement et de réinsertion social, l'accès aux droits des sortants de prison, l'accueil des familles de détenus, le contrôle judiciaire socio-éducatif et les enquêtes de personnalité auteurs et victimes, la médiation pénale, l'aide aux victimes d'infractions pénales, l'accompagnement vers l'emploi et un chantier d'insertion de neuf places.

Plusieurs autres associations assurent l’aide aux sortants de prison notamment pour leur situation familiale, leur état moral et pour leur réapprendre les règles de société.

On trouve par exemple la JET : Jeunes en équipe de travail. Cette association créée en 1986, aide les jeunes délinquants volontaires en leur proposant une aide pour leur permettre de se réinsérer socialement et professionnellement dans la société. Les jeunes sont pris en charge pendant quatre mois où ils sont entourés de militaires. Parmi ces détenus on trouve des personnes majeures de moins de trente ans qui bénéficient d'une mesure de placement extérieur, et des personnes mineures ou tout juste majeurs, l'âge varie entre16 et 19 ans. Lors de ces quatre mois, ces jeunes effectuent des chantiers, travaillent en atelier, préparent leur orientation et ont accès à une formation générale et culturelle.

Au niveau administratif et de l'emploi, on trouve l'association Don Bosco. Cette association prend en charge les personnes de 16 à 25 ans, car ce sont elles qui ont le plus besoin d'aide. En effet, c'est le moment du passage à la majorité. De plus, la plupart de ces personnes se retrouvent sans papiers administratifs à leur sortie. Il faut donc tout refaire, afin qu'elles puissent reprendre leur vie en main. En effet, si elles veulent passer le permis, trouver du travail, un logement, recevoir les aides de la sécurité sociale, etc..., elles auront besoin de ces papiers fondamentaux. De même, Don Bosco aide les anciens détenus, à retrouver un niveau scolaire correct, elle leur apprend à écrire une lettre de motivation pour trouver un emploi.

De même on trouve le Groupement Etudiant National d'Enseignement aux Personnes Incarcérées (GENEPI). Comme son nom l'indique, cette association fondée en 1976, est composée d'étudiants bénévoles qui interviennent dans les établissements pénitentiaires pour partager leur connaissances avec les personnes détenus sous forme de soutien scolaire et d'activités culturelles et socio-éducatives. Ces actions permettent aux prisonniers d’acquérir de nombreuses connaissances pour faciliter leurs études, et ainsi obtenir un emploi plus aisément.

Crée en 1981, l’association FAIRE (Formation et aide à la réinsertion ) quant-à- elle prend en charge globalement les ex-détenus, « Nous avons vu qu’en dépit d’une formation béton, si nous ne prenions pas en compte la situation globale du prisonnier, nous étions à côté de la plaque », explique Imanouel Pajand, coordinateur du suivi des détenus. Leurs actions sont financées par les Fonds d'Action Sociale et sont soutenues par le Service Pénitentiaire d'Insertion et de Probation (SPIP) qui est un service de l'administration pénitentiaire française. Cette collaboration permet de privilégier la réinsertion des anciens détenus.

Dans la même catégorie il y a aussi l’ANVP l’Association Nationale des Visiteurs de Prisons, les bénévoles de cette association soutiennent les détenus, ils leur rendent visitent régulièrement pour apporter leur aide et leur connaissance tout en leur permettant de se confier. De plus, ils essaient de leur donner accès aux droits de visites des proches, d’améliorer leur conditions de vie dans le milieu carcéral, par exemple au niveau de l’hygiene, des soins médicaux, de l’accompagnement psychologique, de l’accès à la culture et aux formations... Au niveau du milieu ouvert l'ANVP, ils les aident à leur trouver des logements temporaires et leur offrent des conseils pour faciliter leur réinsertion. 
Michel, retraité est visiteur de prisons depuis 6 ans. Ce dernier a commencé bien avant, lorsque un de ses amis a été incarcéré. En effet, celui-ci était  interdit de visite et sa famille le rejetait, Michel correspondaient donc avec lui par lettre, et c’est comme ça qu’il a découvert le dur monde du milieu carcéral. Il dit explicitement que « la prison est un milieu difficile. Les gens souffrent d’un manque d’écoute», c’est pourquoi les visiteurs de prisons interviennent, ils les écoutent et discutent, mais ils ne les jugent pas et ne leur posent pas de questions sur la raison de leur emprisonnement. En effet, celui-ci dit « je me fiche de savoir ce qu’ils font là. Je suis là pour aider, pas pour juger. Les détenus me confient ce qu’ils ne peuvent pas dire aux autres. Nous sommes là pour rendre la prison plus humaine. Et, pourquoi pas, aider à la réinsertion.», voila comment Michel résume le rôle des bénévoles de l’ANVP.
Voici un autre témoignage, de Jean-Paul Meyer, un bénévole de cette même association qui visite les détenus du centre pénitentier de Rennes. Il nous explique pourquoi il a choisi de devenir visiteur de prisons : «  Bien des fois on m’a demandé pourquoi j’étais visiteur de prison ! [...] En premier lieu, je vais voir un homme (ou une femme) mais surtout pas un délit. Il ne faut pas réduire l’approche d’un détenu à l’acte qui l’a conduit en prison. De plus je ne suis pas là pour le juger, mais seulement pour lui apporter un peu d’ « air de l’extérieur » et beaucoup d’attention. […] C’est difficile d’exercer un bénévolat en direction des personnes qui sont incarcérées, et il manque cruellement de visiteurs dans les prisons françaises. Mais il faut dire que les gens qui sont enfermés… sortiront bien un jour. Et qu’il vaut mieux éviter de relâcher dans la nature des personnes qui seraient rendues encore plus dangereuses par les effets de l’incarcération. S’il est plus «noble» pour beaucoup de se pencher sur le sort des enfants cancéreux ou des malades en fin de vie, bien peu de personnes s’intéressent au sort des prisonniers». En effet peu de personnes sont bénévoles dans ces associations ce qui correspond à  une de leurs limites.

Les limites de ces associations :


Tout d'abord ces associations manquent énormément de moyens humains et financiers ce qui constitue un des obstacles majeur de l'aide à l'insertion. En effet, en France on comptait 14 millions de bénévoles en 2006, cependant comme nous l'avons vu précédemment, une très faible part de ces bénévoles fait partie d'associations concernant la réinsertion des anciens détenus. De même ces associations ne disposent pas d'argents suffisant pour mettre en place toutes leur actions.

De plus, peu d'anciens détenus déclarent avoir reçu l'aide d'associations comme celle-ci, en effet peu de détenus où d'ex-détenus semblent être informés de l'existence d'associations qui pourraient les aider à l’intérieur ou a l’extérieur du milieu pénitencier. D'autre part beaucoup d'anciens détenus ne contactent pas ces associations, car ils pensent ne pas avoir besoin d'aide ou que cette aide serait inefficace.

De même, une partie des anciens détenus qui ont eu affaire aux associations, ont tendance à leur faire des reproches. C'est par exemple le cas de Milko Paris, un ancien détenu qui a fait un témoignage sur son épreuve en prison. Il « dénonce l’hypocrisie des associations, qui mettent les personnes "en difficulté" dans une épreuve de culpabilité permanente, d’amendement, et leur font sentir au fond qu’elles sont en défaut avec la vie normée. ». Il déclare donc que pour les ex-détenus, les associations renforcent l'idée qu'ils ne sont pas bien intégrés dans la société, ce qui explique le fait que de nombreux détenus ne veulent pas recevoir l'aide des associations. En effet ils veulent oublier leur passage en prison, et ne pas avoir à payer leur faute toute leur vie. Ils ne veulent pas que nous ayons « pitié » d'eux où que nous les considérions comme des coupables.


Nous avons donc vu qu'en France il existe plusieurs associations qui ont pour objectif, d'aider à la réinsertion des anciens détenus tout en prévenant la récidive. Cependant leurs aides se révèlent parfois inefficaces.