3) Les suivis psychologiques



«  Je ne veux plus rien que la mort », Charles d’Orléans.



De nombreux suivis psychologiques sont mis en place dans les prisons et à la sortie du détenu afin d’éviter de nouveaux actes néfastes envers un individu ou même envers lui-même. Pour cela il est nécessaire qu’un projet de soins soit évoqué entre un psychiatre et son patient détenu. En effet, de nombreux suicides sont reconnus dans les prisons. Ce taux est très important et inquiétant ce qui a provoqué de nombreuses réflexions. Les programmes régionaux d’accès à la prévention et aux soins, s’en sont chargés.  En effet, l’administration pénitentiaire a mis des cellules de réflexion à la disposition des détenus puis a réalisée une politique de prévention permettant l’installation d’équipes spécialisées, en postes fixes dans les lieux considérés comme suicidogènes.  Lorsque, la crise du patient est passée, il peut retourner en cellule mais toujours avec un suivi psychologique déterminé par la prison. De plus, lors de leur sortie, les risques de suicides sont aussi élevés car l’ancien détenu, peut avoir des crises d’angoisse puisque le goût de la liberté n’est plus familier pour lui. Ajoutons que le suivi psychologique n’est toujours pas accepté pour la plupart des détenus car pour eux le suivi psychologique veut dire qu’ils sont  « fou », donc automatiquement ils refusent cette aide.

Ces suivis permettent aussi d’éviter une récidive. En effet, des statistiques prouvent que les récidives des personnes en liberté conditionnelle et semi-liberté sont inférieures aux récidives de personnes libérées sans autres mesures. Donc nous remarquons que l’accompagnement avant et après leur sortie est important  car celui-ci permet de diminuer le phénomène de récidive. De plus, nous constatons que la politique de libération conditionnelle est une bonne protection sociale. Ce soutien qui est dû au psychiatre mais aussi à l’éducateur travaillant en milieu carcéral et au personnel pénitentiaire, permettent de juger le comportement de l’individu. 
Les troubles psychologiques sont fréquents chez les détenus. En effet,des études confirment que plus de la moitié des détenus sont atteints d’un ou plusieurs troubles psychologiques,  plus ou moins importants. Cette étude a été réalisée en juin 2001 par le ministère de la santé, le groupe français d’épidémiologie psychiatrique et les médecins des services médico-psychologiques régionaux, sur un « total de 2300 personnes entrant en prison». Lors de l’entretien d’accueil réalisé par le psychiatre du SMPR, au moins un trouble a été repéré chez 55% des entrants. Les personnes ayant des  troubles comportaient très souvent des troubles anxieux. C’est-à-dire de l’anxiété exprimée ou de l’anxiété observée, des phobies et des pensées obsédantes. Dans 54% des cas, les troubles étaient d’ordre additif, c’est-à-dire la toxicomanie et l’alcoolisme. Les médecins ont aussi relevés des troubles de sommeil, de l’alimentation et de la conduite (impulsivité ; tendance au passage à l’acte et de la colère) chez 42% des personnes atteintes. Le docteur Betty Brahmy qui est le médecin chef au SMPR de Fleury- Mérogis constate «  certaines évolutions qui nous inquiètent, en particulier le recours de plus en plus fréquent à la comparution immédiate des mineurs. Lors d’une comparution immédiate, il n’y a pas d’expertise psychiatrique. Et, de plus en plus souvent , on voit arriver des personnes  jeunes, condamnées à un  ou deux mois de prison pour des faits très minimes alors qu’il s’agit  de malades souffrant de vraies pathologies , qui devraient être pris en charge à l’extérieur». Le docteur Brahmy ajoute que la prise en charge des troubles psychiatriques des détenus reste de qualité inégale en France.




Ajoutons qu’en vingt ans, le nombre de suicides en prison a doublé dû à un isolement affectif, à des violences subies mais encore à une absence de projection dans l’avenir causé par le désespoir de certains individus. En effet, un ex-détenu témoignant  de son vécu dans les milieux  carcéraux où deux de ses amis se sont suicidés, dénonce un manque d’intervention dans les prisons. Aujourd’hui le nombre de suicides est en augmentation de 200%, ce qui est affolant. De plus, en 2001, 104 détenus sont passé à l’acte parce qu’ils ne supportaient pas la détention mais aussi parce qu’il n’y a qu’un psychologue et un psychiatre pour 600 détenus, ce qui est inquiétant et très insuffisant pour survenir aux besoins des détenus.  De plus, dans les maisons d’arrêts, il existe un service  médico-psychologique régional, dit SMPR. Celui-ci permet aux personnes « difficiles » d’entreprendre des suivis, mais seulement pour les cas particuliers et les volontaires.

Parfois on peut se demander si la finalité de l’enfermement n’est pas complètement occultée par les moyens mis en œuvre : l’homme n’est plus qu’un instrument aux mains d’autres hommes dans une justice tarifaire.
La maison d’arrêt est un lieu «  inventé » par le législateur pour permettre, en amont de l’acte de justice, de placer la personne soupçonnée d’avoir  commis le geste délictueux dans un espace de rétention où il puisse rester à la disposition de la justice tout en protégeant la société de la dangerosité du suspect lorsqu’il y a un crime de sang et aussi pour que l’enquête ne puisse être troublée par des pressions du prévenu sur les protagonistes de l’affaire.
Donc, la maison d’arrêt ne peut en aucun cas être considérée comme une prison au sens commun du terme : elle est seulement et avant tout un centre de rétention qui en même temps devient un «  sas de sécurité »
La maison d’arrêt en France, par la négligence des autorités et l’indifférence populaire est devenue une véritable poubelle humaine où se trouvent enfermés tous les délinquants, les malades mentaux comme les pervers, les jeunes comme les personnes âgées, le tout dans une confusion totale et une promiscuité épouvantable à l’intérieur des cellules. 
En effet, un Homme travaillant dans une maison d’arrêt témoigne du mental d’un des détenus dont il était proche.  Il nous dévoile que le détenu en question redoutait toujours ses sorties de maison d’arrêt sachant qu’il n’avait plus de domicile pour l’accueillir. Et pourtant, du fond du cœur, il désirait retrouver une stabilité de vie qui lui permettrait de récupérer son ménage.
Malgré cette envie de retrouver une vie stable, lors de leur sortie  un grand nombre d’ex-détenus se retrouvent  dans une terrible détention qui va les pousser jusqu’au suicide.
Le journal le monde daté du 18 avril 2002 titre : «  Les prisons débordées par l’afflux de malade mentaux. Les ministres de la Justice et de la Santé ont présenté un plan d’accès aux soins pour les détenus les plus fragiles. »  Le docteur  Cyrille Canetti, psychiatre à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis , dénonce cette nouvelle donne : «  on peut dire aujourd’hui que la prison a endossé une vocation asilaire perdue par les hôpitaux psychiatriques. Nous sommes revenus, deux siècles en arrière, dans des temps où on mélangeait délinquants et malades mentaux. Il existe une tendance croissante à la responsabilisation de personne ayant commis un acte délinquant ou criminel dans le cadre d’une pathologie mentale. Mais l’explication principale, c’est la marginalisation des malades mentaux à l’extérieur de la prison. Il faudrait restaurer le sens premier du mot «  asile ».  Nous fermons des hôpitaux psychiatrique pour faire des structures dans la ville qui n’ont pas de vocation à prendre en charge ces populations. Dire que le psychiatre ne doit plus prendre en charge des personnes en milieux fermé est une vaste hypocrisie. En effet, cela continue à se faire mais en milieu pénitentiaire. »
L’administration pénitentiaire rétorque qu’au sein de chaque région pénitentiaire, des structures psychiatriques ont été mises en place.  Ce sont les fameux SMPR (services médico-psychologiques régionaux) où sont envoyés temporairement les détenus les plus atteints. Ces structures peuvent accueillir qu’une dizaine de malades. Chaque jours les détenus reçoivent une dose de «  médecine », c’est-à-dire des psychotropes de type tranxène. Cela entraîne de nombreux trafics de drogue  en particulier du cannabis et d’autres acides dans l’enceinte de l’établissement. Cette pratique n’est pas sanctionnée lorsqu’elle ne montre aucuns signes d’agressivité entre les détenus et le personnel car d’après-eux cela permet de laisser «  planer » ces individus afin «  d’assurer la sécurité ». 



 «  Le prévenu est accessible  à une sanction pénale » : c’est habituellement par cette expression que les experts, qu’ils soient psychiatriques ou autres, concluent leur appréciation du cas qui leur a été soumis. Derrière ces cinq mots se cache peut-être l’une des justifications parmi les plus dramatiques de tous jugements humains. De nombreuses fois les détenus en attente de jugement viennent faire lire à leur psychiatre les résultats de leurs expertises afin d’obtenir des explications sur les termes techniques mais aussi sur ces cinq mots. Les actes qui les avaient amenés en détention et que dans la grande majorité des cas, ils ne niaient pas, la plus part du temps ils étaient le fruit d’une frustration affective ou le souvenir des services qu’eux-mêmes avaient subis dans leur enfance. Ces derniers sont appelés «  délinquants sexuels ». Depuis les années quatre-vingt-dix , la justice s’est penchée avec plus d’attention sur ces comportements monstrueux mais la seule solution trouvée est l’enfermement pénitentiaire. Quel que soit le délit commis, le détenu, qu’il soit prévenu ou condamné, a droit au respect de la dignité. C’est une personne humaine or la prison pour ces délinquants sexuels, devient pire qu’une jungle. Ils ne reçoivent aucuns réels suivis psychologiques. Donc la prison n’a pas un réel effet sur ces individus puisque généralement après leur peine ces derniers repasseront à l’acte. Ces hommes ont besoin d’être aidés par l’écoute et soignés dans leur déviances.